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Cet article évoque une édition précédente de la Semaine du Cerveau.

La psychologie du chien


Les chiens interprètent mieux les gestes humains, que nos plus proches cousins, les chimpanzés.
Depuis 15 000 ans, nos ancêtres ont sélectionné des gènes qui les aident à nous comprendre.

 

Le psychologue canadien Stanley Coren raconte volontiers cet épisode de son enfance : un jour, sa chienne fut surprise en train de lécher le rebord d’un verre de whisky, ce qui lui était formellement interdit. La mère de Stanley jeta alors son trousseau de clés sur l’animal, qui courut se réfugier derrière une armoire. En quittant la pièce, Stanley remarqua que la chienne contournait soigneusement le trousseau de clés, puis elle fit demi-tour pour le prendre dans sa gueule et aller le cacher sous le canapé du salon. Avait-elle compris que cet objet était synonyme de danger et de colère, et qu’il fallait mieux le faire disparaître ? Les chiens auraient-ils des capacités de raisonnement comparables aux nôtres ?

D’innombrables anecdotes ont été rapportées à propos des exploits des chiens ; le grand écran et la bande dessinée en ont souvent fait des personnages à l’intelligence et à la psychologie presque humaines. Ces qualités leur sont-elles attribuées abusivement ? Dans cet article, nous découvrirons qu’elles ont été obtenues au prix d’une sélection génétique plusieurs fois millénaire. Des hommes préhistoriques capturèrent des loups et ne gardèrent de leur progéniture que les jeunes qui savaient interagir avec eux. D’étape en étape, en plaçant la barre toujours plus haut, ils aboutirent à des compagnons dévoués, et parés des qualités que nous allons exposer.

Les spécialistes du comportement ont, pendant près d’un siècle, dénié au chien toute faculté de discerner les intentions de l’homme ou d’établir des relations de causalité entre les événements. On privilégiait le modèle d’apprentissage pavlovien : quand on présente de façon répétée une écuelle de nourriture à un chien, tout en lui faisant entendre une sonnerie, l’association entre l’écuelle et la sonnerie s’ancre si profondément dans ses connexions neuronales qu’il finit par saliver rien qu’en entendant la sonnerie.

Longtemps on admit que tous les comportements appris par les chiens procédaient de la même association conditionnée, mais cette vision est aujourd’hui remise en cause. Dans certains tests, le chien obtient de meilleurs résultats que le chimpanzé ou le gorille, et son talent de communication est remarquable. Selon Vilmos Csanyi, spécialiste de la psychologie des chiens à l’Université Eötvös-Lorand de Budapest, chaque animal met en œuvre, dans son environnement naturel, un comportement intelligent qui lui est propre ; or, l’environnement naturel d’un chien, c’est précisément celui des hommes.

 

Du loup au chien

 

Les capacités du chien se manifestent dans toutes les situations où il « dialogue » avec l’homme. Pour s’en apercevoir, on dissimule un morceau de viande dans un récipient situé à 1,5 mètre d’un chien. S’il regarde avec insistance, on ouvre le couvercle et on le laisse se régaler. Puis, on laisse le chien ouvrir lui-même le récipient. Il a appris à repérer la source de nourriture, et à se servir. Si l’on ferme ensuite le couvercle à clé, le chien s’obstine sans résultat à vouloir l’ouvrir. Il lève alors les yeux vers son maître, d’un air de dire : « Qu’est-ce qui se passe ? Aide-moi ! »

Les loups sont incapables de ce type d’interactions : dans une étude comparative, on a soumis neuf loups élevés par des hommes à la même expérience. Contrairement aux chiens, presque aucun …

 

> Article de Klaus Wilhem (biologiste à Berlin), que vous pouvez retrouver sur le site de Cerveau & Psycho.

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